GRANULOME DE LÉCHAGE
SURVOL
- Le granulome de léchage est une affection auto-infligée caractérisée par un épaississement de la peau, parfois accompagné d’un ulcère, secondaire au traumatisme causé par le léchage chronique.
- De nombreuses étiologies peuvent susciter le désir de se lécher.
- Le granulome de léchage est peu fréquent chez les chiens et rare chez les chats.
APPARENCE CLINIQUE
- Les lésions sont des plaques épaisses très fermes, alopéciques et érythémateuses, de taille variable, habituellement situées sur une extrémité distale, comme la région carpienne/métacarpienne (61 % des cas) ou tarsienne/métatarsienne (image 1).
- Les lésions sont habituellement solitaires.
- Les lésions sont souvent ulcérées au centre, et peuvent présenter un écoulement séreux ou purulent (image 2).
- Les patients lèchent parfois leurs plaies de façon obsessionnelle pendant toute la consultation si on ne les empêche pas de le faire.
- Le granulome de léchage est plus fréquent chez les chiens de grande race. Les races prédisposées comprennent le doberman (image 3), le labrador, le golden retriever, le braque de Weimar, le grand danois, le boxer, le setter irlandais et le berger allemand.
AFFECTIONS SIMILAIRES
- Néoplasie (épithélioma spinocellulaire, mastocytome, lymphome cutané).
- Pyodermite bactérienne profonde.
- Granulome fongique.
- Blessures traumatiques.
DIAGNOSTIC
- Apparence clinique (fortement révélatrice).
- Grattages cutanés pour éliminer la démodécie.
- Cytologie pour déterminer si des bactéries ou des champignons sont en cause.
- Culture profonde pour orienter la sélection de l’antibiotique.
- Histopathologie pour éliminer d’autres diagnostics différentiels si nécessaire (mycoses profondes, néoplasie, etc.).
- Radiographies du membre touché pour déceler une arthropathie sous-jacente.
PRISE EN CHARGE
- La grande majorité des lésions ont une composante de pyodermite bactérienne profonde qui nécessite une longue antibiothérapie.
- L’antibiotique doit idéalement être choisi d’après les résultats de cultures profondes et être administré jusqu’à 2 semaines après la guérison de la composante infectieuse, ce qui peut prendre plusieurs mois.
- La cause du comportement de léchage doit être identifiée et corrigée pour faire cesser les traumatismes auto-infligés.
- Les barrières de protection, comme les colliers élisabéthains et les bandages, peuvent être utiles pour réduire l’auto-traumatisme dans les premiers stades.
- Les produits servant à dissuader l’animal de se lécher, comme la crème de capsaïcine, la solution Bitter Apple et les bandages antiléchage, sont utiles dans certains cas.
- Dans 50 % des cas, le léchage serait idiopathique ou comportemental; cela dit, il faut tâcher de trouver et d’éliminer les autres éléments déclencheurs s’il y a lieu.
- Les autres éléments déclencheurs possibles comprennent les allergies (puces, aliments, environnement), la démodécie, la neuropathie, l’arthrite, un traumatisme antérieur ou une ostéopathie sous-jacente. Le traitement et l’élimination des éléments déclencheurs présents pourraient prévenir les récidives.
- S’il n’y a pas d’élément déclencheur organique ou physique, il faut évaluer la présence d’un élément déclencheur psychogénique ou d’une source de stress, par exemple :
- ennui ou longues périodes de confinement;
- décès dans la famille;
- arrivée d’un nouveau membre de la famille (bébé, chien, chat, etc.);
- départ d’un grand enfant qui quitte le domicile familial.
- L’enrichissement de l’environnement et le retrait ou l’atténuation des éléments stressants identifiés sont bénéfiques.
- Des médicaments psychoactifs peuvent être nécessaires dans certains cas; ils sont surtout efficaces en association avec la modification comportementale.
- La fluoxétine (1 mg/kg toutes les 24 heures) ou la clomipramine (1-3 mg/kg toutes les 24 heures) seraient les médicaments psychoactifs les plus efficaces. Voici d’autres agents qui sont utilisés avec succès.
- Amitriptyline (1-3 mg/kg PO toutes les 24 heures).
- Hydroxyzine (2 mg/kg PO toutes les 8 heures).
- Diazépam (0,2 mg/kg PO toutes les 12 heures).
- Naltrexone (2 mg/kg PO toutes les 24 heures).
- Hydrocodone (0,25 mg/kg PO toutes les 8 heures).
- Une solution combinant 8 mL de Synotic et 3 mL de Banamine appliquée sur les lésions 2 fois par jour a été efficace dans certains cas.
- Dans les cas très réfractaires au traitement, le retrait chirurgical peut être bénéfique (soit par excision, soit par ablation au laser), bien que cette option soit typiquement envisagée en dernier recours car la réponse à l’intervention est variable.
COMMENTAIRES
- Les lésions idiopathiques ou d’origine comportementale sont souvent uniques et isolées, tandis que les granulomes de léchage ayant d’autres déclencheurs peuvent être accompagnés d’autres signes dermatologiques ou d’une anamnèse évocatrice de l’étiologie sous-jacente.
- Les médicaments psychoactifs utilisés pour faire un essai thérapeutique doivent parfois être administrés pendant 4 à 5 semaines avant qu’on puisse juger de leur efficacité.
- Le pronostic pour une guérison complète est réservé.
- Virga V. Behavioral dermatology. Vet Clin North Am Small Anim Pract 2003;33:231-251.
- Miller W, et al. « Canine Psychogenic Dermatoses », Muller and Kirk's Small Animal Dermatology,
7th ed., Elsevier, 2013.
abcès
Masse circonscrite contenant du matériel purulent, se développant typiquement dans le tissu sous-cutané.
alopécie
Absence de poils à un ou des endroits où des poils sont généralement présents; elle peut être causée par une folliculite, un cycle folliculaire anormal ou des traumatismes auto-infligés.
alopécie en plaques
Alopécie caractérisée par la présence de nombreuses plaques circulaires circonscrites, isolées ou coalescentes; elle est souvent associée à la folliculite.
angio-œdème
Œdème sous-cutané régional.
annulaire
En forme d’anneau.
atrophie
Amincissement de la peau ou d’autres tissus.
bulla
Fluid-filled elevation of epidermis, >1cm
hémorragiques
Blood-filled elevation of epidermis, >1cm
comédon
Amas de kératine et de sébum qui emplit et bouche un follicule pileux.
croûtes
Exsudat séché et débris kératinisés à la surface de la peau.
crusts
Dried exudate and keratinous debris on skin surface
kyste
Nodule tapissé d’épithélium et contenant du liquide ou du matériel solide.
dépigmentation
Perte de pigment (décoloration).
ecchymoses
Taches causées par une hémorragie (> 1 cm).
collerettes épidermiques
Squame ou croûte circulaire, avec de l’érythème, qu’on observe lors d’une folliculite ou après la rupture d’une pustule ou d’une vésicule.
erosion
Lésion de l’épiderme qui ne pénètre pas jusqu’à la membrane basale. L’histopathologie peut être nécessaire pour distinguer l’érosion de l’ulcère.
érythème
Coloration rougeâtre de la peau causée par de l’inflammation ou la congestion des capillaires.
escarre
Croûte épaisse souvent associée à de la nécrose, à un traumatisme ou à une brûlure thermique ou chimique.
excoriation
Érosion et/ou ulcération associée à des traumatismes auto-infligés.
fissure
Quantité excessive de couche cornée, confirmée par histopathologie. Ce terme est souvent utilisé pour décrire la truffe et les coussinets.
fistule
Ulcère à la surface de la peau qui se prolonge plus profondément par un canal qui atteint habituellement les tissus sous-cutanés.
mélanoses folliculaires
Accumulation de squames qui adhèrent à la tige du poil.
hyperkératose
Quantité excessive de couche cornée, confirmée par histopathologie. Ce terme est souvent utilisé pour décrire la truffe et les coussinets.
hyperpigmentation
Quantité accrue de mélanine dans la peau, souvent secondaire à de l’inflammation.
hypopigmentation
Perte partielle de pigment.
hypotrichose
Manque de poils dû à des facteurs génétiques ou à une anomalie de l’embryogenèse.
leucoderme
Décoloration de la peau.
leucotrichie
Décoloration des poils.
lichénification
Épaississement de l’épiderme qui en exagère la texture, souvent causé par une inflammation chronique.
macule
Quantité accrue de mélanine dans la peau, souvent secondaire à de l’inflammation.
miliaire
Qualifie une dermatite croûteuse et papulaire multifocale; il s’agit d’un terme descriptif et non pas d’un diagnostic.
miliaire
Multifocal, papular, crusting dermatitis; a descriptive term, not a diagnosis
morbiliforme
Qualifie une éruption érythémateuse, maculaire, papulaire; les macules érythémateuses mesurent typiquement de 2 à 10 mm de diamètre, et lorsqu’elles sont coalescentes, peuvent former de grandes lésions.
nodule
Masse solide (> 1 cm).
onychodystrophie
Morphologie anormale des griffes causée par un traumatisme, de l’inflammation ou une infection des tissus vivants des griffes; elle comprend l’onychogryphose, l’onychomadèse, l’onychorrhexie et l’onychoschizie.
onychogryphose
Courbure anormale des griffes, secondaire à l’inflammation ou à un traumatisme des tissus vivants des griffes.
onychomadèse
Chute des griffes, secondaire à l’inflammation ou à un traumatisme des tissus vivants des griffes.
onychorrhexie
Fragmentation des griffes, secondaire à l’inflammation ou à un traumatisme des tissus vivants des griffes.
onychoschizie
Décollement et fissuration des griffes, secondaires à l’inflammation ou à un traumatisme des tissus vivants des griffes.
papules
Masse solide de la peau (≤ 1 cm).
paronychie
Inflammation du repli cutané de la griffe.
patch
Flat lesion associated with color change >1cm
pétéchies
Petites lésions érythémateuses ou violacées apparaissant sur la peau à la suite d’un saignement dans le derme.
phlébectasie
Dilatation d’une veine; généralement associée à l’hypercortisolisme.
plaques
Masse surélevée plane de plus de 1 cm de diamètre formée de papules coalescentes ou d’une infiltration dans le derme.
pustules
Masse surélevée de l’épiderme emplie de pus.
reticulé
Qualifie une répartition des lésions en forme de filet.
squames
Accumulation de fragments libres de couche cornée.
scar
Fibrous tissue replacing damaged cutaneous and/or subcutaneous tissues
serpigineux
Répartition des lésions de façon serpentiforme (qui ne suit pas un trajet rectiligne).
télangiectasie
Dilatation permanente de vaisseaux sanguins entraînant une lésion rougeâtre ou violacée (rare).
ulcères
Lésion de l’épiderme qui pénètre jusqu’à la membrane basale. L’histopathologie peut être nécessaire pour distinguer l’ulcère de l’érosion.
urticaire
Éruption cutanée caractérisée par des papules érythémateuses et œdémateuses circonscrites provoquées par une réaction d’hypersensibilité.
vésicule
Masse de l’épiderme emplie de liquide.
wheal (urticaria)
Steep-walled, circumscribed elevation in the skin due to edema